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« SURVIVRE » OU « ÉMERGER »

THAT IS THE QUESTION !

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OlomBaovao N°117

On parle beaucoup de

transition climatique et d’émergence

,

formidable projet ou illusion ?

Sans vouloir jouer les rabat-joie, permettez-moi simplement de

parler, sans aucune ironie mais avec tristesse, de 3 parmi les grands

fléaux qui grèvent la situation et l’avenir de notre chère grande « Ile

Rouge », La désertification, la surpopulation et la santé.

Désertification

Madagascar est exposé en permanence aux

cyclones

passant au-

dessus de l’océan indien .Ces vents déversent leurs pluies

diluviennes sur la façade est, autrefois riche d’une forêt primaire

sempervirente. Puis par

effet de foehn

, ces vents se refroidissent en

montant sur la longue barrière montagneuse traversant l’ile du nord

au sud (d’Antseranana à Taolagnaro) et, débarrassés de leur eau, se

réchauffent en descendant sur le versant ouest, provoquant la

désertification de toutes les terres déjà aridifiées par la pratique

séculaire du

tavy

(défrichement par le feu). Si bien qu’on ne trouve

plus sur les

« tanety »

et

« tampoketsa »

que de l’argile latéritique

rouge, impossible à cultiver, mais qui ont donné à Madagascar le

surnom de « Ile Rouge ».

Certes, les gens ont besoin de bois et de charbon ; encore faut-il

mettre en œuvre immédiatement le programme de reboisement le

plus intensif qu’il soit possible d’envisager. Il est trop tard ? peut-être

mais une mobilisation générale de toutes les énergies n’est pas

impossible si des chefs suffisamment charismatiques réussissent à

conscientiser le peuple et à lui donner les moyens

Les techniciens parlent aujourd’hui d’énergie renouvelable (soleil et

vent) ainsi que d’éthanol que les Malgaches savent exploiter. La

Banque mondiale serait partenaire de ce projet.

Surpopulation

L’économiste Malthus définit ce fléau depuis le XVIII° siècle :

« La

population d’un pays augmente toujours plus vite que la production

des ressources nécessaires pour assurer son alimentation et plus

généralement son existence »

Après la 2

ème

guerre, Madagascar ne comptait que 3 millions

d’habitants et aujourd’hui, soit à l’échelle d’une vie humaine, il y en

aurait 30 millions ! Ce phénomène touche tous les pays pauvres car

disait le philosophe

Karl Marx

,

« Dans les pays riches l’enfant est

une charge, dans les pays pauvres il est une force de travail » .

Jusqu’ici ces nombreux enfants sont envoyés au travail pour nourrir

leurs parents. Ce scandale perdure et sans un changement radical

des mentalités et des conditions d’existence, on n’en voit pas la

solution. Pour l’atténuer il faudrait déjà dans l’immédiat une action

énergique des autorités politiques et sociales pour mettre en œuvre

un vaste programme de « planning familial ».

Santé

Ce qui frappe le plus visiteur des villes de Madagascar et

particulièrement de la capitale, c’est

D’abord l’air rendu irrespirable par la pollution, et

malheureusement les gens et les enfants hélas !... tellement

habitués n’y font plus attention sauf que leur santé est gravement

impactée et l’espérance de vie moyenne stagne autour des 60-63

ans alors que dans les pays développés elle dépasse les 80. – une

moyenne ne reflète jamais qu’une partie de la réalité car dans les

classes les plus pauvres, elle n’attendrait même pas les 50 ans.

Ensuite l’insuffisance des infrastructures. Le malade doit lui-

même apporter ses médicaments à l’hôpital et les médicaments

coûtent très cher !

Il y a bien des cliniques mieux équipées mais pas accessibles aux

petites gens qui n’ont plus qu’à aller chez les rebouteux et autres

guérisseurs dont les compétences ne sont pas nulles mais sont elles

toujours fiables ?

Comment alors « émerger » ?

En plus de ces 3 fléaux on peut en compter beaucoup d’autres mais

ce serait trop long à développer dans le cadre de cet article.

Ne résidant pas dans le pays, je me garderai bien d’entrer dans le

débat actuel sur les projets de transformation du pays, appelés

« Fisandratana » visant à faire de Madagascar un pays émergent à

l’horizon 2030. Projets qui coûteraient combien de milliards d’

ariary ? Bien sûr il faut des projets à moyen terme (2030), à long

terme (2050) mais

le court terme, c’est-à-dire immédiat ne parait-il

pas prioritaire ?

Des milliers de kilomètres de routes à entretenir,

l’approvisionnement en eau et électricité, en riz, en médicaments ;

des logements à construire, l’enseignement à repenser autrement que

par le programme FRAM ; l’insécurité qui gangrène le pays et tout

cela dans un contexte international pénalisant terriblement les pays

pauvres.

En effet nous sommes aujourd’hui dans l’ultralibéralisme,

conséquence du passage du capitalisme industriel au

capitalisme

financier mondialisé

. On détruit des millions d’emplois, on

délocalise pour rentabiliser encore et toujours le capital financier. On

transfère la production dans les pays à coût de main-d’œuvre

ridicule pratiquant un véritable

« esclavage moderne ».

Des millions

d’hectares de terre sont « louées » pour les besoins des pays riches

et non pour Madagascar. Nos ressources naturelles et agricoles font

l’objet de trafics éhontés alors que les Malgaches n’ont même pas de

cultures vivrières pour simplement se

nourrir !...Des aides internationales sont allouées

pour transformer les pauvres en consommateurs,

quand ils le peuvent, car les aides sont souvent

détournées par la corruption à tous les niveaux.

Que dire pour terminer ? Bonne chance aux futurs

élus !

Grégoire ANDRIANTSALAMA